Petite histoire de la Finance

Vous souhaitez optimiser vos placements et investir en Bourse car vous savez que les rendements y sont meilleurs que sur votre livret A ou votre assurance-vie. Mais c’est quoi la Bourse ? A quoi sert-elle ? Quels titres pouvez-vous acheter ?

Pour vous aider à mieux comprendre la Bourse et mieux investir, voici une petite histoire de la Finance.

Les prémices de la Finance

Le concept de Finance apparaît en Mésopotamie vers 3000 avant notre ère avec l’avènement de l’agriculture et la création de surplus de biens. Les Sumériens développent l’un des premiers systèmes connus de comptabilité. Ils utilisent des tablettes d’argile pour enregistrer les transactions agricoles, y compris les prêts et les remboursements, jetant ainsi les bases des pratiques financières modernes.

Les Égyptiens, eux aussi, possèdent un système financier sophistiqué. Les temples fonctionnent comme des banques, où les grains et autres biens sont déposés et prêtés. Ils utilisent également une forme de billets à ordre et développent des méthodes précoces de taxation pour financer des projets publics, tels que la construction des pyramides.

Vers 600 avant notre ère, l’invention de la monnaie dans la Turquie actuelle révolutionne la Finance. Les pièces de monnaie fournissent un moyen d’échange standardisé, simplifiant ainsi le commerce. Cette innovation se propage rapidement à la Grèce puis à Rome.

Les banquiers grecs acceptent des dépôts, accordent des prêts et facilitent le change de devises. Les Romains inventent des instruments financiers sophistiqués, tels que les lettres de crédit et les lettres de change, facilitant le commerce à travers leur vaste empire.

Naissance du capitalisme

Après l’effondrement de l’Empire romain, le commerce à longue distance décline fortement. Pendant tout le Moyen-Age, les sociétés sont majoritairement rurales, le troc y est généralisé et l’usage de la monnaie limité. Très peu de personnes ont des capitaux à investir. La croissance économique presque nulle n’incite pas à parier sur l’avenir. Et recevoir des intérêts sur un prêt ou un placement est de toute façon interdit par l’Eglise…

Le capitalisme naît au 13ème siècle en Italie. A Gênes, Florence et surtout Venise, l’essor du commerce avec l’Orient permet à de nombreux marchands d’accumuler du patrimoine. L’Eglise admet petit à petit l’utilité de certains prêts et accepte l’idée d’être rémunéré pour compenser la prise de risques. Les rentes (échanges d’une somme immédiate contre un flux de revenus futurs) sont légalisées par un décret papal en 1251.

Avec la disparition progressive du système féodal, les rois ne peuvent plus obliger leurs chevaliers à guerroyer pour eux. Ils font appel à des mercenaires et doivent trouver des financements pour les payer. Plutôt que d’imposer toujours plus de taxes à leurs citoyens, les dirigeants de Florence les forcent à prêter leur argent au gouvernement en échange d’intérêts. Investir est bien mieux perçu que payer un impôt !

Les premières rentes librement consenties apparaissent, elles, dans le nord de la France : plusieurs grandes villes utilisent leurs revenus fiscaux et la fortune de leurs habitants comme garanties et parviennent ainsi à réduire le taux de la rente. Ce sont les premières obligations publiques.

Les premières Bourses…

Ces obligations françaises ont un autre atout : contrairement aux rentes italiennes qui se négocient de gré à gré et sont difficilement cessibles à un tiers (comme un crédit immobilier aujourd’hui), ces rentes sont transférables. Elles attirent de nouveaux investisseurs soucieux de ne pas avoir à immobiliser indéfiniment leurs capitaux. Les échanges de ces titres augmentent progressivement et le premier marché boursier apparait non loin de là, à Bruges en Belgique en 1409. Le mot « Bourse » vient d’ailleurs du nom de la famille Van der Beurse propriétaire de l’auberge où avaient lieu ces échanges.

L’essor économique de Bruges est freiné par l’ensablement de son estuaire et la réduction du trafic maritime qui s’ensuit. Le centre financier de l’Europe se déplace alors à Anvers à la fin du 15ème siècle puis à Amsterdam aux Pays-Bas pendant les deux siècles suivants.

Les Hollandais veulent conquérir le monde et rivaliser avec les Anglais et les Espagnols. Ils établissent des ports en Asie d’où ils exportent épices, porcelaine et autres denrées rares. Mais les voyages sont longs et dangereux : une tempête ou une attaque de pirates peut ruiner les marchands. Pour réduire ce risque, ils créent les entreprises à responsabilité limitée : les actionnaires de la société ne sont redevables que sur les capitaux investis et non sur leurs biens propres.

De nombreuses sociétés dédiées au commerce maritime se forment et sont généralement limitées à la durée du voyage. En 1602, six d’entre elles fusionnent pour fonder la Compagnie des Indes Orientales, la plus grosse entreprise mondiale de l’époque. La société n’est cette fois pas liquidée immédiatement au retour des bateaux : les actionnaires souhaitant récupérer leur capital commencent à vendre leurs parts à d’autres investisseurs. Les titres de la compagnie s’échangent quotidiennement et c’est ainsi que naît le premier marché d’actions à Amsterdam en 1608.

Que ce soit à Anvers pour les obligations ou à Amsterdam pour les actions, la principale fonction d’une Bourse est de permettre les échanges de titres financiers.

… Et le premier krach !

Les Hollandais sont amateurs de jardinage et se passionnent alors pour la tulipe. Initialement cantonnée à une certaine élite, cette passion se propage dans tout le pays. La demande augmente fortement, le prix des bulbes est multiplié par dix entre 1634 et 1636. Les spéculateurs vendent leurs terres ou leur maison pour s’offrir un précieux bulbe. La folie atteint son paroxysme en janvier 1637 : en un mois, les cours sont encore multipliés par six. Certaines tulipes coûtent alors l’équivalent de dix ans de salaire d’un travailleur moyen, soit environ 250 000 euros actuels !

La bulle éclate en février sans raison apparente : les premiers vendeurs prennent leurs profits et font baisser les prix. D’autres vendeurs suivent puis la panique gagne rapidement l’ensemble de la population. Les bulbes perdent presque toute leur valeur et des milliers de gens sont ruinés. La crise des Tulipes est considérée comme la première bulle spéculative de l’Histoire.

Création des banques centrales

En 1694, la banque d’Angleterre est créée pour secourir les banques privées en difficulté. Elle agit en tant que prêteur en dernier ressort et stabilise le système financier. La réduction des risques permet de diminuer les taux d’intérêt. L’état anglais en profite pour s’endetter lourdement et investir dans la marine anglaise, développant ainsi le commerce maritime avec les colonies. Au 18ème siècle, Londres surpasse progressivement Amsterdam et devient le centre financier mondial.

Le développement des transports

Les états sont les principaux acteurs financiers de l’époque : ils émettent de nombreuses obligations pour financer des guerres ou développer leur économie. Ils contrôlent également les plus grandes sociétés en leur accordant des monopoles pour commercer avec des colonies ou développer des filières spécifiques. Il existe en revanche peu d’entreprises privées cotées en Bourse. La majorité des entreprises sont encore de petites sociétés familiales qui se contentent d’emprunts bancaires lorsqu’elles ont besoin de fonds.

Le développement du secteur des transports change la donne au début du 19ème siècle. La construction de canaux, et surtout de lignes de chemin de fer à partir de 1830, exigent des montants colossaux que les banques ne sont plus capables de prêter. Les états déjà largement endettés ne souhaitant pas s’impliquer non plus, le recours aux marchés financiers s’avère alors nécessaire. Obtenir un financement est la seconde fonction de la Bourse.

La finance moderne

Entre 1830 et la première guerre mondiale, le rail est le secteur dominant dans les pays développés. Il favorise l’apparition de nouvelles industries (sidérurgie, métallurgie, extraction de mines…), elles aussi gourmandes en capitaux. Les entreprises de ces secteurs font de plus en plus appel aux marchés pour se financer. On assiste alors à l’émergence d’un véritable marché de titres privés, constitués à la fois d’obligations et d’actions.

Pendant tout le 19ème siècle, les marchés financiers se développent à travers le monde. Des bourses sont établies dans les grandes villes, notamment Paris, Francfort et Tokyo. L’essor du commerce mondial et de l’étalon-or, qui lie les monnaies à une quantité fixe d’or, créé le système financier mondial interconnecté que l’on connait aujourd’hui.

Le 20ème siècle a connu à la fois de de grosses turbulences (deux guerres mondiales, hyperinflation des années 1920, crise des années 1930) et des périodes de forte croissance économique (1950-1970) et financière (1980-2000). J’y reviendrai plus en détail dans un prochain article.