Est-il rentable de faire des études ?

Le fils d’un ami va bientôt passer son bac et m’annonce la semaine dernière qu’il hésite à continuer ses études. Je lui explique l’intérêt de continuer (obtenir un travail plus intéressant, avoir plus d’opportunités, plus d’impact sur la société, un meilleur salaire…) mais je n’arrive visiblement pas à le convaincre. Il reste sceptique sur la partie financière.

« Les études coûtent trop cher : entre les frais d’inscription et le logement que je devrais sans doute louer, ça va me coûter une fortune. J’ai envie d’avoir un salaire tout de suite, je préfère ne pas faire d’études ».

Je me suis donc posé la question : est-il rentable de faire des études ?

Mesurons d’abord l’impact des études sur le salaire d’un jeune diplômé. Sans surprise, on constate que plus on fait de longues études, plus le salaire d’entrée est élevé.

Sans diplôme, on peut s’attendre à un salaire annuel autour de 17 000 euros. Mais avec un MBA, on peut espérer 45 000 euros : largement plus du double !

La seule exception est pour les doctorants : ils font en moyenne 8 ans d’études après le bac mais ont un salaire équivalent à ceux qui terminent un master (bac+5). Une explication possible est la forte proportion de doctorants qui deviennent chercheurs dans le secteur public, ce qui n’est pas aussi bien rémunéré que dans le privé.

Sur l’ensemble d’une carrière, ces écarts de salaires engendrent des différences énormes.

Un titulaire de MBA progresse généralement plus vite en responsabilités et en salaire qu’un non diplômé mais pour simplifier les calculs, on ne va pas en tenir compte.

Si on ne considère aucune augmentation de salaire au cours de sa carrière, un non-diplômé va donc recevoir 680 000 euros au cours de ses 40 ans d’activité. Un diplômé de MBA touchera, lui, 1 800 000 euros.

Deux bémols :

  • Les études ont un coût élevé et plus on fait de longues études, plus elles coûtent cher. Il faut également ajouter le logement, le transport et la nourriture de l’étudiant. Un titulaire de MBA dépense en moyenne près de 150 000 euros pour ses 6 années d’étude.
  • Le non-diplômé commence sa carrière bien avant le titulaire d’un MBA. Il travaille pendant le même nombre d’années (40) mais il touche du coup sa retraite pendant plus longtemps.

Même en intégrant le coût des études et le manque à gagner lié à l’entrée plus tardive sur le marché du travail, les revenus générés par les hauts diplômés restent largement supérieurs à ceux des non-diplômés. Si on exclue les doctorants, la croissance des revenus est linéaire : plus on fait d’études, plus on gagne.

Les études coûtent cher mais elles rapportent gros. Chaque année d’étude après le brevet rapporte environ 100 000 euros de revenus supplémentaires sur l’ensemble d’une carrière.

Ces revenus sont d’ailleurs largement sous-estimés car ils ne tiennent pas compte du fait que la croissance du salaire d’un titulaire de MBA est bien plus forte que celle d’un non-diplômé.

Financièrement, faire de longues études est donc un excellent investissement. Et il faut également considérer tous les avantages non-financiers :

  • Plus d’opportunités : de nombreux emplois très demandés (médecin, avocat, ingénieur, postes de direction…) requièrent de longues études. Plus on est éduqué, plus on a accès à un nombre important d’emplois.
  • Une plus grande satisfaction au travail : le choix plus large d’emplois permet de sélectionner un travail et un secteur qui sont alignés avec ses valeurs et ses intérêts.
  • Une meilleure sécurité de l’emploi : les employés très éduqués ont des compétences rares, plus difficilement trouvables pour un recruteur (un physicien nucléaire vs un serveur). Ils sont donc moins facilement remplaçables et ont généralement des emplois plus stables.
  • Un travail moins pénible : les emplois les plus durs physiquement (ouvriers, agriculteurs, éboueurs, manutentionnaires…) sont souvent les moins bien payés.
  • Une plus grande flexibilité : les compétences acquises pendant les études sont transférables d’un secteur à un autre ou d’un emploi à un autre. Cette flexibilité permet de progresser plus vite et de changer de carrière plus facilement.
  • Un développement personnel : la culture et les compétences acquises pendant les études donnent des ressources et une confiance qui servent dans tous les aspects de sa vie, professionnels et personnels.

Donc Alexis, s’il te plait, continue tes études !